J.M. BARBOT

Trois poèmes de Agua serás y lo olvidaste, ed. Lastura, 2019

Traduction par Miguel Ángel Real

ARCHEOLOGIE

Nous avons entre les mains un palais en ruines.

RODRIGO GARRIDO

La boue que nous portons dans les mains

nous dit qui nous fûmes dans les ombres,

ces mythes et ces dieux que tu me nommes

du temps où nous n’étions pas encore humains.

Cette poussière qui salit nos mains

fut le lit et l’aliment des ombres,

des décombres que tu respires et que tu nommes

avec  l’ardeur curieuse des humains.

Elles ne tomberont pas dans l’oubli toutes ces ombres

si nous pouvons sauver avec nos mains

ce qui pendant des siècles fut silence,

car vivront à nouveau  tous ceux que tu nommes,

ils redeviendront lumière et souffle humains

quand tu prêteras ta voix à leur silence.

ARQUEOLOGÍA

                 Tenemos en las manos un palacio en ruinas.

                                   RODRIGO GARRIDO

El barro que  traemos en las manos

nos dice quiénes fuimos en las sombras,

esos mitos y dioses que me nombras

de cuando aún no éramos  humanos.

Ese polvo  que ensucia nuestras manos

fue lecho y alimento de las sombras,

escombros  que respiras y que nombras

con el curioso afán de los humanos.

No caerán al olvido tantas sombras

si podemos salvar con nuestras manos

lo que durante siglos fue silencio,

pues vivirán de nuevo cuantos nombras,

volverán a ser luz y aliento humanos

cuando prestes tu voz a su silencio.

dIEU(x)

(…) et il semblait nécessaire, en indiquant son métier,

d'écrire le D majuscule qui n'était essentiel dans aucun

autre métier.

ENRIQUE GRACIA TRINIDAD

On dit qu’on écrit dieu en Majuscule.

Mais je ne sais pas très bien de quel dieu on parle.

Peut-être du jardinier cruel et insomniaque

qui engraisse ses rosiers et son potager

avec notre pourriture.

Ou peut-être de cet autre

qui rend les femmes invisibles

et les hommes esclaves d’eux-mêmes,

sinistres messagers de la mort.

On dira qu’il y a d’autres dieux

sans haine dans leurs pupilles ni dans leurs mains,

sans rancune ni jalousie, vermoulus

entre quatre murs d’un temple quelconque.

Il y en aura même qui diront que c’est de l’amour,

qu’il donna sa vie pour nous

ou que il rend meilleurs certains.

Mais à vrai dire plutôt que dieu

je le vois très humain dans toutes ses facettes.

Je dis cela car je ne veux pas discuter

parce que le voir, ce qu’on appelle le voir, je ne le vois pas.

Moi, d’après ce qu’il paraît,

il me refuse le don de sa présence.

Je soupçonne donc que tous ces dieux

-y compris le seul dieu véritable-

ne sont que des mirages

de passions mondaines

comme les tiennes et les miennes,

les plus ordinaires, celles qu’on écrit

dans l’ombre et en minuscules.

dIOS(es)

             (..)y parecía necesario, al escribir su profesión,

             poner la D mayúscula que no fue imprescindible

             en ningún otro oficio.

                            ENRIQUE  GRACIA TRINIDAD

Dicen que dios se escribe con Mayúscula.

Pero no sé muy  bien de qué dios hablan.

Tal vez del hortelano cruel e insomne

que abona sus rosales y su huerto

con nuestra podredumbre.

0 acaso de aquel otro

que hace a las mujeres invisibles

y a los hombres esclavos de sí mismos,

siniestros mensajeros de la muerte.

Dirán  que hay otros dioses

sin odio en sus pupilas ni en sus manos,

sin inquina ni envidia, carcomidos

entre cuatro paredes de algún templo.

Habrá quien diga incluso que es amor,

que dio su vida por nosotros

o que a algunos les hace ser mejores.

Pero es que más que dios

lo veo muy humano en todas sus facetas.

Lo digo por no discutir,

porque ver, lo que es ver, yo no lo veo.
A mí, según parece,

me niega el don de su presencia.

Sospecho así que todos esos dioses

-incluso el único dios verdadero-

no son más que espejismos

de pasiones mundanas

como las tuyas y las mías,

de esas de andar por casa, que se escriben

a oscuras y en minúsculas.

AGRAFES

Nous vivons fissurés.

Nous sommes coupure, fracture, cicatrice,

des mots et des futurs qui ne protègent pas,

des passés et des silences qui se brisent.

Et cependant, nous prétendons

sauver les meubles,

nous bercer dans la même litanie

et recoller les routines qui se brisent.

Agrafer et rattacher les crevasses

pour qu’elles guérissent et que nous puissions

imaginer que tout reste tel quel,

même si c’est constamment démenti

par les traces sur la peau

                                   et les jours de pluie.

GRAPAS

Vivimos  agrietados.

Somos  corte, fractura, cicatriz,

palabras y futuros que no abrigan,

pasados y  silencios que se quiebran.

Y sin  embargo, pretendemos

salvar los muebles,

mecernos en la misma letanía

y pegar las rutinas que se rompen.

Grapar y unir las grietas

para que sanen y podamos

imaginar que todo sigue igual,

aunque  lo sigan desmintiendo

las marcas en la piel

                     y los días de lluvia.